SE PRÉSERVER QUAND UN ÉVÈNEMENT BOUSCULE NOS VIES
Histoire de Matsya et le grand déluge

Dans la mythologie hindoue, Vishnu fait partie de la trinité divine (création / préservation / destruction). Il représente la préservation de l’univers et garde un aspect solaire et bienveillant. Lorsqu’il doit descendre sur Terre, il le fait sous forme d’un avatar ayant les caractéristiques qui lui permettront de protéger le monde.
Son premier avatar est Matsya : le poisson.
L’histoire raconte qu’un jour Manu (le premier Homme) se lavait les mains dans la rivière quand un petit poisson est apparu devant lui. Il s’appelait Matsya et avait besoin d’aide. Manu l’a amené chez lui, l’a nourri et l’a mis dans un bocal. Très vite, Matsya est devenu trop grand pour le bocal, donc Manu l’a mis dans un plus grand aquarium. Quand Matsya est devenu trop grand pour l’aquarium, Manu l’a placé dans un lac et quand le lac est devenu trop petit pour le poisson, Manu l’a amené à l’océan. Matsya a alors révélé à Manu sa vraie nature : il était le dieu Vishnu et sa mission était de prévenir Manu du grand déluge à venir et de le protéger.
Manu a construit un bateau et il a embarqué avec lui sa famille, 7 sages, des graines, le grand serpent et des animaux. Matsya a ordonné Manu d’enrouler le serpent autour de sa corne et a ainsi guidé le bateau jusqu’en haut d’une montagne. Pendant le voyage, Matsya a transmis les Védas (connaissances) à Manu pour ainsi préserver le monde nouveau.
« Le renouveau a toujours été d'abord un retour aux sources. »
La Danse de Gengis Cohn - Romain Gary
On pourrait voir ce grand déluge comme un évènement qui vient impacter nos vies et notre environnement (ça vous fait penser à ce qu’on vit en ce moment de confinement?). Manu a dû faire des choix concernant les animaux, les sages et les graines qui feraient partie de ce nouveau monde. Alors, quand un évènement arrive dans nos vies pour les chambouler, et si on a le temps de se préparer, on pourrait se demander :
Quelles seraient les choses indispensables ou importantes à garder ?
De quoi pourrait-on se débarrasser pour cette nouvelle période ?
Quelle est la meilleure façon de se protéger, de se préserver, pendant le voyage ?
Pour notre pratique de yoga, nous pouvons explorer cette notion en faisant un état de lieux de notre niveau d’énergie en début de pratique.
Si le corps est fatigué et si on a besoin de recharger notre énergie, on va privilégier des postures plus douces ; on va aller un peu moins loin dans l’effort ; on prendra quelques minutes supplémentaires pour la relaxation finale…
Si, au contraire, il y a un excès d’énergie où le corps a besoin de se dépenser, ou bien le mental a besoin d’être apaisé, une pratique dynamique pourrait être la solution.
Dans ces périodes de grand changement, on a besoin de respecter, plus que jamais, ses besoins et d’écouter son corps. Choyer son corps, prendre du temps pour soi, faire le tri, sont des excellentes façons de traverser ces voyages. Tout comme Manu et Matsya, nous pouvons traverser l’océan de la vie avec amour, en essayant d’écouter les enseignements que notre environnement nous partage et en amenant avec nous que l’indispensable.
Ceux qui ont dit que l’amour de nous-mêmes est la base de tous nos sentiments et de toutes nos actions ont donc eu grande raison dans l’Inde, en Espagne, et dans toute la terre habitable : et comme on n’écrit point pour prouver aux hommes qu’ils ont un visage, il n’est pas besoin de leur prouver qu’ils ont de l’amour-propre. Cet amour-propre est l’instrument de notre conservation ; il ressemble à l’instrument de la perpétuité de l’espèce : il est nécessaire, il nous est cher, il nous fait plaisir, et il faut le cacher.
Voltaire. Dictionnaire philosophique